Les mille briquesJ’aime les rencontres et les échanges qui s’en dégagent. C’est ce qui a poussé la psychologue Isabelle Marseille à m’inviter à la rejoindre sur ce projet de fabrication d’une mémoire de la maison d’arrêt de Beauvais. Avec ce lieu de détention, qui a cessé de fonctionner en décembre 2015, allaient disparaître de petites histoires, banales, mineures, qui racontent la condition carcérale et différentes manières de la vivre. Histoires qu’Isabelle avait entendues le long de ses douze années de travail à la maison d’arrêt. Avec le désir de faire sortir ces histoires de l’anonymat, de ce bloc homogénéisant qu’est la prison, avec l’envie de donner une chance à ce qui est invisible, à ce qui le deviendra peut-être encore plus avec la disparition, en France, des prisons en ville, Isabelle Marseille a voulu réunir photographies et paroles pour en donner une image et raconter comment les gens affrontent ce lieu, s’y inventent et tentent de créer des mécanismes pour qu’il devienne supportable. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans « les mille briques » (comme l’appelaient les personnes détenues), où j’ai pu faire de nombreuses rencontres qui allaient me permettre, non seulement de construire une mémoire visuelle, mais aussi de poser des questions, par le biais de la photographie, sur la condition carcérale en France et sur la difficulté que nous avons de regarder l’autre. Texte de présentation de l’exposition réalisée dans le cadre du festival Photaumnales 2016. Résidence artistique . Diaphane Pôle Photographique en Picardie . Livre publié chez Diaphane éditions . Sortie le 15 septembre 2018. |